Université Populaire de Narbonne (UPS)
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PÔLE PHILO
ATELIER DE PHILOSOPHIE POUR ADULTES (2006-2007)
Cycle sur le temps (3e année)
Séance 9 du 2-06-07
(18 participants)
Séance sur : « L’avenir de la planète»
Animateur-reformulateur : Michel
Introducteur de la séance : Gérard
Président de séance : Marcelle
Synthétiseur : Gérard1) Introduction de la séance
(30’) : Gérard
La Planète en danger , ou le temps nous est-il compté ?
L’Ere planétaire commence à la fin du xv° siècle
avec la découverte, par les Européens, d’un continent peuplé
de cultures et de dieux inconnus.
L’unité microbienne du monde se réalise aussitôt.
Le trépomène pâle (syphilis) traverse l’atlantique,
se répand en Europe et en sept ans atteint la Chine par les routes des
caravanes, tandis que notre bacille de Koch se rue sur les populations indiennes
d’Amérique. Le tabagisme se répand en Europe et l‘alcoolisme
frappe l’Amérique. Les pommes de terre, tomates, maïs se répandent
dans l’ancien monde, le cheval, le blé, le café dans le
nouveau. Un réseau de plus en plus serré d’échanges
et de communication se tisse. La mondialisation s’amplifie au XIX°
siècle, avec le déferlement de l’Europe colonialiste sur
l’ensemble du globe. Elle se déchaîne au XX° siècle
par deux guerres mondiales. L’économie est mondialisée.
Le marché est global. Le capitalisme est pratiquement universalisé.
L’écologie est devenue l’enjeu majeur de notre siècle
actuel. L’orange bleue peut devenir noire. Aujourd’hui chaque habitant
est un point singulier et il contient dans une certaine mesure homothétique,
le tout planétaire. Ainsi chaque matin nous prenons notre café
qui vient d’Ethiopie, du Brésil ou du Costa-Rica, et notre thé
qui vient de Yunnan, nous écoutons nos radios Japonaises qui nous offrent
des airs du monde entier, nous mettons des vêtements et des chaussures
confectionnés en Chine, nous lisons notre journal dont le papier est
fait du bois de Norvège ou du Brésil, nous écoutons une
chanteuse noire interprétant la japonaise Buterfly de l’italien
Puccini.
Nous consommons des pomélos de Californie et d’Israël, les
ananas et mangues d’Afrique, les bananes de Martinique, les haricots verts
du Kenya, le riz du Pakistan et le vin d’Australie et peut-être
du Languedoc.
L’africain dans sa brousse ou dans son bidonville n’est pas non
plus isolé : l’occident est en lui ; il subit les effets
de la monoculture, de l’urbanisation, du système économique
occidental, et il peut de moins en moins échapper au modèle d’habitat,
de consommation du monde blanc. Portant l’unité planétaire
est convulsive, déchirée. Les solidarités sont conflictuelles
et les conflits sont solidaires les uns des autres. Les guerres d’Irak
révèlent la dépendance du monde à l’égard
des gisements pétroliers. Elles nous révèlent également
que les interactions entre religions, ethnies, races, nations sont plus que
jamais exacerbées. Dans ces conditions, les guerres de l’ère
planétaire sont des guerres intestines. Comme dans une maladie auto-immune,
où les cellules d’un même organisme n’arrivent pas
à se reconnaître comme sœurs et se font la guerre en ennemies,
les composants de l’organisme planétaire continuent à vouloir
s’entre-détruire. Nous sommes bien dans l’âge de fer
planétaire. Une conscience planétaire est certes insuffisante,
mais elle est nécessaire pour sortir de cet âge de fer. Cette conscience
doit porter en elle la convergence de plusieurs prises de conscience :
la conscience anthropologique, la conscience écologique, la conscience
tellurique, la conscience cosmique.
- La conscience anthropologique s’est renouvelée depuis que la
préhistoire a reconnu l’unicité originelle de l’homo-sapiens,
d’où se sont différenciées races et ethnies, et depuis
que la biologie révèle l’unité fondamentale, génétique
cérébrale, psychique du genre humain. C’est il y a plusieurs
milliers d’années qu’a commencé la diaspora planétaire
de l’humanité, chaque fragment s’isolant lui-même dans
son langage et son écriture, ses rites, ses mythes, et s’appropriant
par lui-même sa qualité d’homme. Il nous faut donc abandonner
l’idée que les races et les cultures séparent originellement
l’homme et il faut reconnaître le cordon ombilical commun.
- La conscience écologique, elle nous fait abandonner l’idée
que notre environnement est fait d’éléments, de choses,
d’espèces végétales et animales, manipulables et
asservissables impunément par le genre humain. Elle nous révèle
que l’ensemble des interactions entre les êtres vivants au sein
d’un site géophysique constitue une organisation spontanée
ayant ses régulations propres, l’écosystème, et que
les écosystèmes sont englobés dans une entité d’ensemble,
auto-organisée et autorégulée, qui compose la biosphère
.Elle nous indique que la croissance industrielle, technique et urbaine incontrôlée
tend non seulement à détruire toute vie dans les écosystèmes
locaux, mais aussi et surtout à détruire la biosphère et
à menacer finalement la vie elle-même. La Terre se désertifie
à la vitesse de 30 hectares/minute à cause des déforestations
sauvages, des incendies criminels, des pluies acides. L’eau douce et potable
se raréfie dangereusement. Les décharges sont submergées
et l’air devient irrespirable à cause de l’oxyde de carbone
dégagé par les transports. Les GES engendrent une accentuation
moyenne de l’effet de serre qui laisse prévoir une élévation
de la température de 3 à 6 degrés pour 2050. Déjà
aujourd’hui de nombreux évènements naturels nouveaux dans
leur amplitude et leur constance, sont précurseurs du saut climatique
dans lequel nous entrons. En 200 ans, l’homme aura provoqué ce
saut climatique, comparable à celui que la Terre a fait naturellement
en 5000 ans. Elle nous enseigne que la menace mortifère est de nature
planétaire et dans ce sens, la conscience écologique est une composante
de la nouvelle conscience planétaire.
- La conscience tellurique complète la conscience écologique.
Depuis que, dans les années soixante, les sciences de la Terre ont pu
s’articuler les unes aux autres , nous pouvons savoir que la Terre est
un système complexe et fragile, autorégulateur et auto-organisateur
ayant sa vie propre, son histoire singulière, son devenir évolutif.
La biosphère et son humanité constituent un ensemble homogène
et complexe. Nous sommes les enfants de la vie et ceux de la Terre.
Attention ne soyons pas des parasites, mis en danger de mort par les excès
commis sur leur hôte, qui morte, ne les nourrit plus, ni ne les logent,
deviennent obligatoirement des symbiotes. Quand l’épidémie
prend fin, disparaissent les microbes mêmes, faute de support de leur
prolifération. Non seulement la nature est globale, mais comme telle,
elle réagit globalement à nos actions locales.
- Enfin la conscience cosmique nous permet de situer notre planète dans
le cosmos. Nous ne sommes plus dans l’univers de Copernic ni de Laplace.
Le monde n’est plus cette machine déterministe parfaite animée
par un mouvement perpétuel autour du centre de l’univers :
le soleil. Aujourd’hui le soleil est un petit astre de banlieue aux frontières
d’une galaxie périphérique, dans un cosmos dépourvu
de centre et où des millions de milliards de galaxies s’éloignent
vertigineusement les unes des autres. Notre Terre n’est plus qu’un
nano-point tièdasse dans ce gigantesque cosmos où règne
un froid de glace, sauf dans le cœur des étoiles où règne
une fournaise désintégrante. Le cosmos s’est formé
dans une déflagration initiale à partir de quoi il a commencé
à la fois à se refroidir, se désintégrer et à
s’organiser. D’où venons- nous ? Où allons –nous ?
Y a-t-il une finalité dans l’univers ? Notre vie a-t-elle
un sens ? Sommes- nous seuls dans l’immensité de milliards
d’années-lumière ? Sommes-nous devenus si étrangers
à ce cosmos qui nous a engendrés ?
Cette Terre, notre Terre, si fragile, est la seule oasis connue dans cet immense
désert sidéral et nous nous occupons que de nous-mêmes,
humains, et jamais d’elle. Cet égotisme causera notre disparition.
Ouvrons les yeux et notre conscience tant qu’il en est encore temps.
Ce n’est qu’à partir des années soixante que le développement
des sciences biologiques, des sciences de la préhistoire, des sciences
écologiques, de la Terre et enfin de la cosmologie et de l’astrophysique
nous a permis de nous percevoir, de nous resituer et de nous concevoir dans
la sphère de la vie, sur la Terre et dans le cosmos. Notre idée
de l’homme n’a pas encore trouvée sa place étrange
et complexe, elle oscille entre la vision philosophique qui en fait le seul
sujet dans un monde réifié, et la vision scientiste qui ignore
l’esprit humain. Il nous faut faire preuve d’un formidable effort
d’accommodation. Il nous faut revoir la mission de maîtrise de la
nature que Descartes et Marx avaient dévolue à l’humanité
comme si nous en étions étrangers. Il ne s’agit plus de
domination, mais d’aménager une coopération entre les puissances
organisatrices de la nature et les aptitudes organisatrices de l’Homme.
Il nous faut un double pilotage Homme- Nature. Il nous faut abandonner l’idée
que nous avons trouvé la bonne formule du vrai développement,
et que nos sciences de l’Homme et de la Nature sont quasi achevées,
et que avons atteint la véritable conscience. Les solutions du socialisme
réel nous ont fait régresser, le système triomphant libéral
révèle ses carences dans la globalisation. Ses solutions posent
plus de problèmes qu’elles n’en résolvent, et le tout
marché nous conduit à une impasse civilisationnelle. Nous allons
comprendre que notre concept de croissance est erroné. Nous allons comprendre
que nous sommes toujours dans la préhistoire de l’esprit humain.
Nous sommes dans une ère agonique où comme jamais les menaces
convergent sur la planète, sa biosphère, ses habitants, sa culture
et sa civilisation. Le plus tragique est que toutes ces menaces (désastre
écologique, réchauffement climatique, prolifération nucléaire
militaire, manipulations génétiques) viennent des développements
mêmes de notre civilisation.
Nous appartenons à la planète, elle est notre Terre-mère,
et essayer de la traiter avec mépris et arrogance va devenir très
vite délétère. La maîtrise de notre Terre n’a
plus aucun fondement. Nous pensons être devenus ses maîtres, alors
qu’en réalité nous sommes solidairement assujettis. Dans
le grand débat de sa protection et de la vie, on peut être étonné
du relatif silence des religions qui proclament que notre Terre est l’œuvre
de Dieu, alors qu’aucune ne s’offusque de la voir polluée
et en voie de destruction. Si la création est d’essence divine,
le moins que l’on puisse exiger des religions, c’est qu’elles
refusent qu’elle soit profanée. La responsabilité est collective,
des responsables politiques aux industriels, des agriculteurs aux intellectuels,
tous doivent diriger le mouvement de survie de la Terre et de ses créatures.
La vision anthropologique de la philosophie est dépassée. Chacun,
nous pouvons réellement faire activer sa sauvegarde par des pratiques
quotidiennes nécessaires à sa survie. Notre façon d’éduquer,
d’acheter, de refuser, de boycotter, de nous modérer, d’aimer
et de respecter notre semblable et tous les êtres vivants peut y contribuer.
Pour éviter ces perversions et ces détournements, nous devons
mettre du sacré dans la vie. Le sacré n’est absolument pas
lié à une religion ou à un quelconque dogme, c’est
simplement vivre avec la conscience que nous faisons partie du miracle de la
vie, que nous-mêmes sommes un miracle de la nature et du hasard. Nous
appartenons à cette unité où nous avons le privilège
d’être porteur de conscience. Cette conscience et cet entendement
que nous utilisons à des finalités de pouvoir et de domination
doivent nous donner la mesure de notre responsabilité à l’égard
de la vie, pour comprendre, prendre soin et aimer.
Le sens du sacré est en nous, et il suffirait de nous débarrasser
de tout ce fatras de concepts intellectuels et métaphysiques qui l’étouffent
pour le retrouver. Cette insurrection des consciences peut nous amener sur le
chemin du « bonheur d’être ». C’est
par la conscience plus que par son appartenance à une société
qu’un homme s’identifie. Comment ne pouvons nous pas voir, que quand
nous mettons du poison dans la terre, nous le retrouvons dans notre corps. Nous
devons abolir toutes les divisions, les cloisonnements, les inimitiés,
les haines, et retrouver cet état d’unité qui doit être
la base du vivre ensemble. Cette unité, nous devons commencer par la
réaliser en nous-mêmes. Il est temps que la philosophie s’empare
de ce que la science dit au monde. Elle est encore trop ignorante et acosmiste,
sans relation avec le monde sensible en tant que réalité organisée.
2) Discussion après l’introduction (45’)
Synthèse de la discussion par Gérard
L’avenir de la planète est relativement sombre, et la conscience
collective peut nous aider à la sauver. Mais en tant que part du tout,
nous devons en prendre conscience individuellement.
La vie humaine est issue de l’unité de la matière. Quand
on parle d’avenir, il faut poser le triptyque Cosmos-Planète-Homme
comme étant fondamental.
L’ère agonique, point critique, oblige l’homme à se
surpasser, c’est une lueur d’espoir. Sommes-nous suffisamment sages
pour que la conscience humaine sauve la planète et ses créatures ?
Cette conscience rationnelle a permis le développement économique,
aujourd’hui l’entropie du système est toute proche, et donc
cette même conscience peut nous sauver.
Pourtant l’idée de conscience ne résoudra pas tout, son
insurrection ne suffira pas, car l’homme baisse facilement la garde, et
le fatalisme l’emportera.
IL faut rattacher cette conscience à l’attitude sacrificielle des
insectes dont chaque individu peut mourir pour sauver l’espèce.
L’espoir est sûrement dans les générations futures
qui possèdent la maturité écologique et la conscience affirmée
des réalités.
Pourtant à ses débuts, l’écologie était d’esprit
réactionnaire, décadent, en proposant comme unique alternative
la décroissance.
Il existe une possibilité raisonnable dans le développement durable.
La capacité de l’humanité à trouver des solutions
à travers la science est un point d’espoir.
L’être n’est pas un virus et le développement n’est
pas pernicieux intrinsèquement.
Pourtant l’homme reste dans l’avoir (possession) et l’être
est délaissé (esprit).
Le responsable politique devrait prendre la mesure du danger qui nous guette,
mais la variété des positions et des applications politiques est
trop court en démocratie pour s’y consacrer durablement. Les rêveurs
ont toujours tort à court terme et raison sur le long.
L’homme n’a une vision de son avenir qu’à deux ou trois
générations, le futur après ce seuil tombe dans une sorte
de magma nébuleux.
Toute la matière va se désintégrer dans une énorme
contraction, et réfléchir au futur peut paraître dérisoire.
Pourtant, chacun en conscience, peut tenir une part active quotidienne pour
préserver la santé précaire de la planète, la seule
habitable ? Une super structure mondiale peut aussi agir dès maintenant.
La prise de conscience passe par l’éducation, et le paradoxe de l’écologiquement
vertueux avec l’économiquement rentable est à revoir.
Le problème posé à la science est de trouver les techniques
qui soient douces avec l’environnement, tout en étant de faible
coût pour la collectivité.
Et même si cela était hors de prix, cela n’en vaudrait-il
pas la peine, car il en va de notre survie. Marx disait que l’humanité
ne se pose que les questions qu’elle peut résoudre.
N’oublions pas la conscience éthique, car même si ce n’est
pas de notre intérêt, c’est de notre devoir. D’aucuns
pensent que l’écologie peut avoir une dimension anti-humaniste,
en pensant à laterre avant de penser à l’homme. Mais ils
pensent encore comme si l’humanité était en dehors de la
conscience tellurique, car sauver la Terre, c’est sauver l’Homme.
La planète est comme un accidenté de la route qui est polytraumatisé
et qui fait un collapsus hémorragique. Que soigne- t-on en premier pour
préserver le processus vital ?
Pause : 10’
2) Bilan de l’année, et propositions (30’)
Du débat très riche qui s’ensuit, le groupe arrête
les décisions suivantes.
- Prolongement d’une quatrième année de réflexion
sur le temps. Problèmes soulevés non encore traités :
patience et impatience ; le désespoir ; la nostalgie ;
le remords ; le péché originel ; Dieu et le temps ;
l’anticipation ; la science-fiction ; le temps politique etc.
- On commencera la première séance par « la mort ».
Introduction de Gérard, recherche d’un texte Romain. A la
fin de la séance, on décidera si cela donne lieu à une
seconde, voire troisième séance
- Séances de 9h45 à 12h15.
- Calendrier premier trimestre : samedis 6 octobre, 10 novembre, 15 décembre.
ANNEXES :
TEXTES DES PARTICIPANTS
L’avenir de la planète : qu’entend-on par cette question ?
Parlons-nous de la planète, l’astre issu du déchirement
du voile quantique du temps au moment du Big Bang, cette parcelle d’univers
qui, ainsi que l’Univers lui-même - d’après une certaine
théorie qui me séduit - se refroidissant se transforme en fer
dont les atomes se dilueront pour ensuite se recontracter en route vers un Big
Crush pour tout recommencer au début ? Pour cette terre-là,
il ne me semble pas que nous ayons une quelconque action sur le cours des évènements.
S’il s’agit par contre de notre jardin, les effets de nos actions
(bienfaits et méfaits) sont mesurables.
A qui est le jardin du vivant ?
Dès l’apparition de la première protéine, la lutte
commence. La multiplication des espèces, l’occupation de la « niche
écologique ». Chacune des espèces vit au dépens
de ou en symbiose avec. La bataille est sévère mais qui la commande ?
L’A.D.N.
Si nous ne considérons pas comme primordiale la notion de conscience,
ce qui décide de l’occupation de l’espace et de sa propre
reproduction, c’est bien cet acide (désoxyribonucléique).
La laitue ou la méduse n’ont pas à analyser le processus
pour mettre en place les stratégies permettant leur multiplication.
Grâce à sa complexité, l’homme a accès à
la conscience, ce qui lui donne le pouvoir d’analyse et de recherche,
la capacité de transmission des connaissances.
Depuis l’aube de l’humanité, tout en créant du sens,
nous occupons l’espace en modifiant le paysage (la première modification
est un mur). Nous trouvons des justifications à nos actions, bonnes ou
mauvaises, et nous commençons seulement à en mesurer les conséquences.
Nous sommes le virus qui vit sur et par son hôte, la terre. Lui donner
la fièvre ? D’accord, mais si l’hôte mourait,
qu’adviendrait-il de nous ?
Cette prise de conscience n’est-elle pas l’apanage du nanti ?
Comment empêcher que des populations en voie de développement suivent
notre exemple ? Pouvons-nous leur dire, avec la suffisance qui caractérise
notre société évoluée, que nous n’avons pas
toujours fait le bon choix et qu’ils se gardent de reproduire nos erreurs ?
Leur conseiller de remplacer un bain par une douche (quand ils rêvent
de boire), recycler les déchets (quand leur rêve est d’en
faire) est-il cohérent ?
Au niveau collectif, l’éducation, l’exemple et l’entraide
(et la régulation des naissances) peuvent être des outils pour
ralentir le processus.
L’individu ne reconnaît que son groupe, la fourmi que sa fourmilière.
Chacun ne considère son jardin que jusqu’au portail. La propriété
(bornée) est le fondement même de nos sociétés.
L’ADN ne dit pas : « Qu’allons nous laisser à
nos enfants ? ».
La conscience collective ne peut devenir planétaire sans un abandon consenti
de l’individualisme et de l’égocentrisme. Quelquefois on
y pense, et puis on referme le portail sur soi.
Un vœux pieux peut-être mais peut-on baisser les bras?
Dominique
Puisse tous les hommes se souvenir qu'ils sont frères ! Qu'ils aient
en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécration
le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l'industrie paisible!
Si les guerres sont inévitables, ne nous haïssons pas, ne nous déchirons
pas les uns les autres dans le sein de la paix, et employons l'instant de notre
existence à bénir également en mille langages divers, depuis
Siam jusqu'à la Californie, la bonté qui nous a donné cet
instant.
VOLTAIRE
L'avenir de l'homme sur la planète
Sur la passerelle, deux "sans-abri" discutent au soleil :
"Maudite époque pour la terre....mais elle s'en remettra dans plusieurs
millions d'années !
L'homme qui en use sans limite, lui, ne va pas bien ! ".
Sans doute, le passé a usé ces deux personnes.
Aujourd'hui, en compagnie de leur chien, ont-ils compris par leur choix de vie,
que leur futur ne s'inscrit plus dans la fuite en avant d'un monde inconscient,
qui justement, met la planète en péril et détruit les hommes
?
Jean-François
L’avenir de l’homme sur la planète
Il vaut mieux parler de « l’avenir de l’homme sur la
planète », que de « l’avenir de la planète ».
Celle-ci est, selon la science actuelle, à moitié de son parcours.
Sur notre planète formée depuis 4 milliards d’années,
la vie a pu se développer grâce à des conditions très
particulières, et disparaîtra quand notre soleil, à échéance
équivalente, deviendra étoile morte. L’homme, apparu depuis
« peu » à cette échelle du système
solaire (2 millions d’années pour l’ « homo
erectus », 100000 ans pour « l’homo sapiens »),
aura peut-être disparu, pas forcément à cause des dégâts
qu’il provoque, mais pour des causes diverses : astéroïde
percutant la terre, glaciation extrême etc.).
La « question écologique » est donc une question
posée par des hommes, une question anthropocentrique, centrée
sur l’homme, et à (très) « court »
terme (un siècle ?). « Que va devenir notre espèce ? »
est une question posée à échéance de quelques générations.
A cette échelle d’homme, la question est capitale, et urgente :
il y va du niveau de vie de l’humanité, du problème du « développement »,
peut-être de la survie biologique de l’espèce.
Face à la question, deux thèses se confrontent, deux visions de
l’avenir, dont on ne sait au total pas grand-chose, à cause de
la faiblesse de notre capacité à anticiper finement le futur,
qui reste largement aléatoire, imprévisible :
- l’une assez catastrophiste, dans la lignée de l’apocalypse
dans sa version religieuse, de la peur de l’an mil, de l’angoisse
devant les changements induits par la technique et la science (cf les craintes
au 19ième siècle devant le chemin de fer et l’électricité) :
la voiture crée les accidents, le nucléaire le risque majeur,
les OGM ou le clonage la dénaturation des espèces etc. Les ressources
naturelles s’épuisent ; l’effet de serre, multiplié
par la consommation des pays émergents, va désertifier la planète,
porteur de guerres par les populations déplacées avec la montée
des eaux etc. La cause : une idéologie positiviste de la science
et du progrès, une mondialisation capitaliste qui brade l’avenir
des générations futures pour des intérêts financiers
individuels et à court terme. On prolonge les courbes actuelles, et on
prédit, faute de principe de précaution, qu’on fonce droit
dans le mur.
- l’autre plus optimiste, pour laquelle l’inventivité de
la science pourrait contribuer à résoudre les dégâts
que par ailleurs elle occasionne (ex : des centrales nucléaires
de plus en plus sures, l’invention de nouvelles énergies peu polluantes
dans l’avenir…). « L’humanité, disait Marx,
ne pose que les problèmes qu’elle peut résoudre ».
Une « conscience écologique » naît, à
partir des dangers pressentis et annoncés, qui cherche à conjurer
la menace. Du point de vue biologique, ce serait la forme humaine de l’instinct
de conservation de l’espèce. Mais il y a aussi une dimension éthique
et politique de ce sursaut écologiste. Nous aurions un devoir vis-à-vis
des générations futures, car nous ne faisons qu’ « emprunter
la terre à nos enfants » (Proverbe Massaï). Ce qui implique
la traduction politique d’une telle responsabilité (cf Le principe
de responsabilité du philosophe H. Jonas) au niveau étatique,
mais surtout mondial.
Face aux tenants d’une mondialisation capitalistique, où le taux
du CAC 40 prime sur toute autre considération ; mais tout autant
face aux adeptes plus ou moins radicaux de la « décroissance »,
qui mettent en cause la légitimité du « développement »,
et tablent sur le bonheur humain par l’être plus que par l’avoir,
en réduisant drastiquement notre consommation, il émerge une notion
inédite, celle de « développement durable ».
Le concept est complexe, ambigu, contradictoire, théoriquement assez
mou, mais intéressant, provocateur, heuristique. Car comment concilier
l’écologiquement respectueux, l’économiquement rentable
et le socialement humain ? Tel est l’enjeu, dès lors que chaque
composante de ce type de développement peut s’opposer (et s’oppose
souvent actuellement) aux autres…
Michel